Avec les délices de Tokyo, merveilleux roman écrit par Durian Sukegawa, j’inaugure une nouvelle catégorie sur ce blog. La littérature gourmande. Direction le Japon, et la découverte des dorayakis, ces fameuses pâtisseries traditionnelles.
Les Dorayaki et l’Anko
Avant de vous parler de ce livre, je me dois de vous en dire davantage sur la gastronomie japonaise, et plus particulièrement sur la pâtisserie.
Et oui, au Japon on mange aussi sucré !
Le Japon n’est pas réputé pour ses pâtisseries. Si en France nous devions le résumer à un plat (ce qui serait une grossière erreur, compte tenu de la diversité de la gastronomie japonaise), d’aucun dirait « les sushi ». Et pourtant, bien que les restaurants japonais nous noient sous les maki, les sushi, les sashimi et tant d’autres, tout un pan de cette merveilleuse cuisine est délaissée, car ne répondant pas aux critères (selon les restaurateurs) des consommateurs occidentaux que nous sommes.
Contrairement à ce qu’affirme les légendes urbaines « Mais non, les japonais ne mangent pas sucré », il existe belle et bien des pâtisseries au Japon, et parmi elles, le Dorayaki.
Vous avez dit Dorayaki et Anko ?
Les Dorayakis sont composés de deux éléments, deux ronds de pâtes ressemblant fortement à des pancakes et l’Anko.
L’Anko est une préparation à base de haricots rouges Azuki, réduits en purée plus ou moins fine et sucrée. C’est la fameuse « pâte de haricots rouges ».
N’allez pas croire que cette pâte est facile à réaliser. Comme Tokue (l’un des personnages principaux du roman Les Délices de Tokyo) aime à le rappeler « Il faut écouter la voix des haricots », là réside tout le secret de la réussite.
Maintenant que vous en savez un peu plus sur la gastronomie japonaise, et que nous avons planté le décor, passons au livre de Durian Sukegawa.
Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa
Un auteur atypique pour un roman tout en douceur et en sobriété gourmande, dans la pure tradition de la littérature japonaise.
Un peu plus sur Durian Sukegawa
Durian Sukegawa est un auteur japonais. C’est un touche à tout. Animateur de radio, célèbre du pays du Soleil levant, il a également exercé la profession de clown.
Et surtout, point qui nous intéresse le plus, il a suivi les cours d’une école de pâtisserie. Ce qui explique qu’il puisse nous raconter aussi bien des Dorayaki et de leur mode de fabrication dans son roman.
L’histoire des Délices de Tokyo
Sentaro travaille à Doraharu, petite boutique où il vend des Dorayaki aux passants dans la rue. Seul derrière son comptoir il s’ennuie et se dit qu’il aimerait bien embaucher quelqu’un avec qui il pourrait discuter et qui en même temps lui donnerait un coup de main. C’est vrai qu’il n’est pas vraiment passionné par son métier, mais il faut bien être quelque part. D’ailleurs lui-même n’a jamais pu manger un Dorayaki en entier, c’est dire. Il les trouve trop sucré et écoeurant.
C’est alors que Tokue, une vieille dame qui lui rappelle sa mère, entre dans sa vie, bien déterminée à travailler dans le magasin et à améliorer les pâtisseries de piètre qualité qu’il propose à ses clients… Mais Tokue bien qu’excellente pâtissière, n’est pas une vieille dame comme les autres, et les secrets du passé finissent toujours par remonter à la surface…
L’éditeur a mis à votre disposition les premières pages de ce roman si vous souhaitez les feuilleter.
Mon avis sur les Délices de Tokyo
A la base, je suis déjà une adepte de littérature japonaise. J’aime sa sobriété, ses images, la pudeur des personnages. Cette retenue qui pourtant en dit long. Mais si vous n’avez jamais lu de livre traduit du japonais, vous n’avez aucune crainte à avoir, l’écriture de Durian Sukegawa vous permettra de voyager, en étant tout a fait accessible à un public qui ne connait pas les codes du monde littéraire japonais.
Vous retrouverez, les grands classiques de la littérature nippone, la nourriture, les cerisiers en fleur, l’importance de la nature, la pudeur des personnages, ces non-dits dans lesquels se révèlent toute l’histoire…
Vous découvrirez aussi, comment réaliser l’Anko, vous apprendrez à « écouter les haricots », et vous n’aurez plus qu’une seule envie, trouver un Dorayaki pour le dévorer ! Mais pas n’importe lequel hein ! Un vrai de vrai, fait avec amour et patience comme le ferait Tokue.
Le roman est construit en deux phases. La première partie à Doraharu, effervescence et gourmandise de la petite boutique de Sentaro. La seconde partie plus dans l’intimité des personnages, plus dans l’émotion, réflexions sur la vie japonaise et une histoire du Japon qu’on ne soupçonne pas.
Bref, vous l’avez compris, j’ai adoré ce livre. J’aime qu’un roman me surprenne, et me touche, et c’est exactement ce qui s’est passé. J’aime entrer dans la vie des personnages, m’y attacher, faire un petit bout de chemin avec eux, puis les laisser continuer leur vie, comme je pourrai le faire avec un ami.
Et a priori je ne suis pas la seule à avoir apprécié…
Les Délices de Tokyo ou An un film de Naomi Kawase
Le livre est sorti en France peu ou prou en même temps que l’oeuvre de Naomi Kawase qui s’en est inspirée. Je n’ai malheureusement pas encore pu me rendre dans une salle de cinéma, mais j’ai eu l’occasion de discuter avec des personnes ayant vu le film. Et nos ressentis sont les mêmes. Ce qui me fait penser que pour une fois, je vais renoncer à la règle « ne jamais voir un film issu d’un roman que j’ai lu ».
Je vous laisse avec la bande annonce du film et après l’avoir vue, vous comprendrez aisément qu’il a tout à fait sa place dans la sélection du Festival de Cannes 2015.
Waw, tu viens de réunir en un billet 2 de mes thèmes préférés !! j’adore et la littérature japonaise (Haruki Murakami, Murakami Ryu, … ) et les doryakis !!! Bon, je ne trouve pas bcp de restos jap qui en servent ici (j’en connais un sur Paris et un autre sur Lille), donc si tu te lances dans la recette, je te suis 😉 bonne soirée !!
ah ah merci 🙂 Les quelques restaurants que je connais à Lyon, proposent pour certains des dorayakis mais vendus sous blister… et bien décongelés… Pareil ici à Metz… Très bonne soirée à toi aussi 🙂 et encore merci pour ton petit message 🙂
Bravo pour cette nouvelle catégorie j’adore l’originalité et ton article est top.
c’est trop gentil Delphine 🙂 merci pour ton message et pour ton passage 🙂